Colza et méligèthes

Le colza est très intéressant à mes yeux car il permet de gonfler les colonies au maximum en début de saison et de maintenir une grosse dynamique. Evidemment, c’est du travail pour moi mais les rendements s’en ressentent très positivement! Il est important de se soucier des cultures environnantes car un colza défaillant sera préjudiciable à l’agriculteur mais aussi à l’apiculteur. On se souvient du choc physiologique de l’année passée (voir ici
https://blog.exometeofraiture.net/blog/2018/05/07/meteo-capricieuse-colza-caca-et-tout-le-tralala/ ) Mais il y aussi des prédateurs plus visibles…

Meligethes aeneus, le méligèthe du colza, est une espèce d’insectes coléoptères ravageurs du colza et autres brassicacées (choux par ex)

Les méligèthes se nourrissent des boutons floraux du colza et plus précisément de son pollen. Les dégâts sont occasionnés avant l’ouverture de la première fleur (stade D à F1), les insectes percent le bouton floral grâce à leurs mandibules; le bouton qui avortera par la suite ne donnera pas de graines. Des pertes de rendement en sont donc les conséquences. Malgré tout, le colza compense assez bien les dégâts occasionnés et le seuil d’intervention est de 1 à 9 méligèthes par plante.

Une fois les premières fleurs ouvertes, les méligèthes ne creusent plus les boutons et se nourrissent alors du pollen accessible. A ce stade, ils ne provoquent plus de dégâts affectant le rendement.

Il est facile pour les exploitants agricoles de planifier les traitements insecticides grâce à des comptages au moyen de pièges à bassine (couleur jaune attirant les insectes), de plaques jaunes engluées ou de comptages directs sur plants.

Pour une agriculture conventionnelle, le protocole peut paraître simple. En revanche, la lutte biologique semble à court de techniques. Le semis de bandes de moutarde blanche (plante proche du colza et fleurissant plus tôt) pourrait être une solution passagère, les méligèthes se positionnant préférentiellement vers les fleurs ouvertes. Dans cette même optique, le mélange d’une variété de colza très précoce (ES Alicia) à hauteur de 5 à 7% dans la variété d’intérêt permet de détourner les méligèthes aux stades vulnérables.

Cette année, le colza semble être bien infesté et il y a fort à parier que la plupart des parcelles ont reçu ou recevront leurs doses d’insecticides. Même si le traitement se réalisent avant floraison, il faut rester vigilant face au phénomène de guttation et de prélèvement de rosée sur les plantes traitées à proximité des ruchers. Surtout que la période est assez critique pour les abeilles: gros besoin en eau pour le couvain en pleine expansion et peu de nectar disponible! Les pulvérisations en journée ensoleillée peuvent également être catastrophiques pour les abeilles en cas de dérive par le vent vers le rucher ou en cas de ressources au-delà des parcelles traitées (traversée des abeilles pendant ou juste après le traitement)

Pulvérisation d’herbicides sur les CIPAN défanés avant culture d’été (betterave et maïs fourrager). Le colza est au milieu. L’agriculteur m’avait dit qu’il utilisait le protocole de détournement pour lutter contre le méligèthe (voir + haut avec les variétés précoces, genre ES Alicia) . Je surveille…

Bouton terminal de colza infesté de méligèthes

Facebooktwitterredditpinterestlinkedinmail

7 reflexions sur “Colza et méligèthes

  1. Pingback: Printemps 2019: News du rucher - FRED L'APICULTEUR - Exometeofraiture

  2. Olivier V

    Bonjour,

    Merci pour l’article.
    Je ne savais pas trop ce que sont les méligèthes… avec les photos je vois que ce sont les bestioles que j’ai trouvé en quantité dans mes trappes à pollen il y a trois ou quatre semaine (avant la floraison du colza). Dans la récolte de mardi de cette semaine il n’y en avait qu’une.

    Par ailleurs, n’ayant qu’un seul champ de monoculture a proximité du rucher (sinon c’est forêt, anciens petits vergers souvent à l’abandon, friches,…), j’ai constaté que il y a deux ans une mortalité énorme dans mon rucher l’hiver ayant suivi une plantation de colza dans ce champ au printemps. Je ne sais pas s’il y a un lien de cause à effet… Cette année c’est à nouveau colza, on verra donc cet hiver.
    C’est d’autant plus étrange qu’elles ne rentrent pas de miel de colza (la variété semée ne doit plus être mellifère) puisque mon miel de printemps reste liquide jusqu’en début d’été. Peut-être juste du pollen ou de l’eau de rosée nocive ?

    1. Fred l'Apiculteur Auteur de l'article

      Bonjour,
      Très peu de corrélation possible…Les mortalités hivernales, ce sont souvent des mortalités dues à Varroa et sa cohorte de virus associés. Le colza peut juste intervenir car il booste les colonies, donc le couvain. Et des colonies qui font de la « viande » toute la saison ont + de couvain donc + de Varroa.

      1. Oli

        Merci de ton avis.
        Pour le varroa les traitements avaient été faits dans les règles de l’art et les comptages en hiver donnaient des résultats conformes à ce qu’il faut.
        Un vieil apiculteur (> 30 ans d’expérience) à quelques centaines de mètres a aussi subi cet hiver là des pertes record.
        Mystère…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Translate »